En septembre 2012, à l’occasion des Championnats du monde d’escalade organisés à Bercy, l’IRDS publiait un dossier sur l’escalade en Île-de-France. _ Celui-ci s’intéressait uniquement à la pratique en Structure Artificielle (SAE) au sein de la Fédération délégataire.
En mars 2013, un dossier complémentaire met en avant les autres acteurs franciliens de la discipline : la Fédération des clubs alpins de montagne (FFCAM), et la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Un éclairage de la pratique sur sites naturels (SNE) qui fédère l’ensemble des pratiquants dans les mêmes lieux est également apporté.
Vous trouverez ci-dessous, le chapitre concernant la FSGT.
Vous trouverez en téléchargement e dossier complet.
L’esprit FSGT
La fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) se veut une association omnisport et d’éducation populaire, issue du mouvement ouvrier et fondée sur les valeurs de solidarité et d’émancipation. Elle s’appuie sur un bénévolat militant et la mutualisation de ses moyens, pour développer une escalade accessible à tous, notamment aux milieux les plus populaires. Sa priorité est la formation de grimpeurs autonomes, responsables, motivés pour partager leur passion dans le milieu associatif et s’accomplir dans les sports de nature.
Pour bon nombre d’associations de montagne et d’escalade FSGT, adhérer ne revient pas seulement à obtenir l’accès à une salle d’escalade, mais engage le licencié à s’impliquer dans la vie de l’association. L’adhésion, d’un coût volontairement peu élevé, a pour objectif de garantir une pratique pour tous. En contrepartie, le nombre de salariés permanents est faible, mais compensé par l’implication des adhérents dans le bon fonctionnement de l’association. Par ailleurs, les compétitions ne s’inscrivent pas dans le circuit des compétitions officielles considérées comme trop sélectives et en opposition avec les valeurs fondamentales de la fédération. Elles engendrent, de ce fait, peu de frais. Le fonctionnement en réseau de la FSGT facilite la mutualisation des projets, du matériel [1] et des murs [2], et joue également en faveur d’un coût d’adhésion accessible au plus grand nombre.
Chaque association assure la formation des pratiquants et des encadrants, au moyen d’une pédagogie associative où les anciens forment les nouveaux.
Au-delà de cet accompagnement des débutants par les adhérents les plus expérimentés, la FSGT dispose également d’encadrants bénévoles titulaires d’un brevet fédéral. Plusieurs compétences escalade sont délivrées par la fédération (animateur escalade bloc, animateur escalade SAE, initiateur escalade SNE, initiateur alpinisme, initiateur ski de randonnée…) auxquelles
s’ajoutent des formations plus spécifiques (cartographie et orientation, ouverture de voies en SAE, nivologie et risque avalanche…).
Pour la FSGT, l’escalade en SAE reste un tremplin vers la pratique en pleine nature, et grimper sur site naturel constitue une finalité qui doit être accessible à tous [3]. Dans le passé, les associations ont participé à la conception de nombreux circuits balisés pour les enfants et les débutants
en milieu naturel (Fontainebleau). Aujourd’hui, elles proposent tout au long de l’année des initiations, des formations, et des sorties [4] en site naturel, dans la région pour la journée (blocs de Fontainebleau, viaduc des Fauvettes…), ou ailleurs en France sur plusieurs jours (falaises). Le prêt de matériel (chausson, crash-pad [5]), et la prise en charge partielle ou totale des frais de transport rendent les sorties à Fontainebleau accessibles à tous et permettent de réduire l’impact environnemental et le stationnement sauvage (co-voiturage, transport en commun combiné avec la randonnée ou le vélo).
En Île-de-France la structuration des activités est déclinée de la manière suivante : une commission régionale chargée d’accompagner la dynamique de développement et trois commissions interdépartementales qui assurent la mise en commun des moyens entre les clubs, l’organisation des formations, la coordination des activités… L’essentiel des activités nationales, des formations et des rassemblements sont impulsés et organisés par les grimpeurs FSGT franciliens qui représentent la majorité des pratiquants du territoire français.
Une offre concentrée sur la petite couronne
En Île-de-France, près de 3 500 personnes réparties dans 37 clubs ont pratiqué l’escalade comme première activité au sein de la FSGT (saison 2011-2012). La région regroupe les deux tiers des licences escalade FSGT délivrées en France et abrite près de la moitié des clubs. La taille moyenne d’un club en Île-de-France est de 94 licenciés [6], mais celle-ci varie de 45 à 196 selon le département (tableau 2).
Lieu de résidence | Part (%) | Nombres de clubs | Part (%) | Taille moyenne | |
---|---|---|---|---|---|
Paris | 1 417 | 41 | 8 | 22 | 196 |
Hauts-de-Seine | 257 | 7 | 1 | 3 | 129 |
Seine-Saint-Denis | 378 | 1 | 11 | 30 | 45 |
Val-de-Marne | 648 | 19 | 8 | 22 | 90 |
Seine-et-Marne | 188 | 5 | 2 | 5 | 65 |
Yvelines | 155 | 4 | 2 | 5 | 66 |
Essonne | 294 | 8 | 4 | 11 | 64 |
Val-d’Oise | 71 | 2 | 1 | 3 | 54 |
Île-de-France | 3 408 | 98 | 37 | 100 | 94 |
Hors Île-de-France | 69 | 2 | 0 | 0 | 0 |
Total | 3 477 | 100 | 37 | 100 | 94 |
Source 2011/2012 : FSGT. Traitement : IRDS.
Au sein de la région, la répartition territoriale des licences et des clubs FSGT montre que la majorité de la pratique se déroule à Paris, dans le Valde-Marne ou la Seine-Saint-Denis (carte 2). Les 2 clubs les plus importants en taille sont à Paris : Roc 14 (751 adhérents) et Grimpe 13 (491 adhérents). À eux deux, ils abritent 1/3 des licences « escalade » de la FSGT.
Un public de jeunes adultes, plutôt masculin
La structure par âge des licenciés FSGT (figure 2) se caractérise par un faible socle de jeunes pratiquants (moins de 20 ans) comparativement aux 20-35 ans qui représentent près de la moitié des licenciés (48 % [7]). La situation évolue toutefois fortement d’un club à l’autre : si en moyenne la part des moins de 20 ans est de 23 %, certains clubs ne comptent aucun licencié de cette catégorie, alors que dans d’autres ces derniers sont majoritaires (voir tableau 3). Les clubs parisiens en particuliers se distinguent par une très faible proportion de jeunes licenciés (12 % de moins de 20 ans). Une situation atypique comparativement à ce que l’on peut observer dans le monde du sport encadré [8], mais assez proche de la situation démographique du territoire [9]. Soulignons toutefois que la part des plus jeunes est probablement en partie sous-estimée, en effet la FSGT propose des licences familiales à un tarif attractif qui permettent à un parent d’inscrire ses enfants sur sa propre licence [10].
Cependant, le développement de la pratique des plus jeunes est limité par trois facteurs. Premièrement le manque de créneaux en général et à des horaires compatibles avec une pratique enfantine. Deuxièmement le manque de SAE avec des aires de pratiques adaptées à celle des enfants. Troisièmement le manque d’encadrants bénévoles disponibles à des horaires adaptés aux plus jeunes. Certains clubs ont recruté des salariés pour assurer l’encadrement et pallier à ce problème, mais ceci a eu pour conséquence
d’augmenter le coût de la licence. Ce qui explique peut-être que la part des moins de 20 ans de ces clubs soit restée au final en-dessous de la moyenne régionale.
La structure par sexe des licenciés (figure 2) montre une proportion plus importante d’hommes (59 %) que de femmes. Ici aussi le constat n’est pas le même pour tous les clubs puisque selon l’association prise en compte (tableau 4) la part des femmes varie du simple (30 %) au double (61 %). Chez les plus jeunes le rapport hommes/femmes est équilibré, mais celui-ci penche en faveur des hommes après 20 ans : 49 % de femmes avant 20 ans, 42 % entre 20 et 35 ans, 32 % après 35 ans.
Une croissance rapide et récente, freinée par le manque d’équipements
Historiquement, les sections montagne de la FSGT ainsi que leurs effectifs ont progressé régulièrement entre les années après-guerre et
les années 70 [11]. C’était une pratique de montagne, d’alpinisme, et de bloc (Fontainebleau).
C’est au cours des années 80 [12] que la FSGT construit ses premières structures artificielles d’escalade (SAE). Après une période de stagnation
voire de baisse de ses effectifs, un redressement spectaculaire débute à la fin des années quatre-vingt-dix. Depuis 1999, le nombre d’adhérents a en effet doublé suite à la réactivation ou la création de nouvelles associations,
dont certaines sont en cours ou en projet, souvent suite à la création de SAE. C’est à Paris que la progression a été la plus forte, le nombre de
licences est passé de 80 à près de 1 600 en une dizaine d’années. Depuis quelques années certaines associations de montagne et d’escalade FSGT font face à une demande d’adhésion à laquelle elles ne peuvent plus répondre. Le seul club de Roc 14 a par exemple dû refuser l’inscription de 800 personnes pour la saison 2012-2013. Une situation qui s’explique par le manque sur Paris de SAE qui permettent le développement d’une pratique de l’escalade en club.
À ce titre, la FSGT souhaite accompagner les collectivités dans leurs projets d’aménagement, d’extension ou de rénovation de SAE. Elle revendiquent
un savoir-faire en matière de conception et de gestion de ces structures qui leur ont déjà permis de concevoir et de proposer aux municipalités des projets afin de développer l’activité escalade au sein des villes. L’objectif est de pouvoir disposer de murs adaptés à la pratique d’un large public y compris des plus jeunes (scolaire et sections enfants), pour tous les niveaux, de l’initiation aux grimpeurs confirmés.
Les structures artificielles d’escalade (SAE) : un tremplin vers l’escalade sur sites naturels
Tout au long de l’année, les adhérents FSGT bénéficient des créneaux de leurs clubs en SAE, généralement à proximité de leur domicile dans le coeur dense et urbanisé de la région. Au cours de ces séances ils s’initient pour devenir autonomes, progressent et améliorent leur technique.
Cette pratique en SAE constituent pour certains, une passerelle vers l’escalade en sites naturels qui ne se déroule que sur une partie de l’année en fonction des conditions météorologiques, sur des sites plus éloignés (essentiellement Fontainebleau, mais aussi dans le reste de la
France, et parfois à l’étranger), pour d’autres, elle représente une pratique à part entière.
[1] 5 associations FSGT (US Ivry, US Fontenay, Grimpe 13, Roc 14 et Vertical 12) mutualisent leurs moyens et achats de matériels onéreux afin de rendre plus accessible les sorties organisées.
[2] Les clubs d’escalade FSGT franciliens proposent des créneaux horaires aux licenciés des autres clubs FSGT permettant aussi aux adhérents de grimper sur des structures variées.
[3] En 1978, l’assemblée nationale montagne de la FSGT, entérine les structures artificielles comme un des vecteurs principaux pour rendre l’activité populaire et démocratiser le rapport à la pratique.
[4] Une fois par mois, Roc 14, Grimpe 13 et Vertical 12 organisent ensemble des sorties en car. Le prix payé par chaque adhérent est de seulement 5 €.
[5] Tapis de mousse utilisé pour amortir la chute.
[6] En 2011, la taille moyenne d’un club de sport francilien est de 120 licences.
[7] À titre de comparaison, selon le recensement de l’Insee, les 20-34 ans représentent 26 % des Franciliens âgés de 5 à 75 ans.
[8] Plus de la moitié des licences ont été distribuées en 2011 a des individus de 20 ans et moins. Source : Les licences et les clubs des fédérations sportives agréées en 2011. Stat-info (12-03). Septembre 2012. Ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative.
[9] Selon le recensement de l’Insee, en 2010, les 5-19 ans représente 22 % des Franciliens âgées de 5 à 75 ans, et 16 % des Parisiens du même âge.
[10] Pour la saison en cours, 51 licences familiales ont été enregistrées ce qui représente un minimum de 160 pratiquants.
[11] La première section montagne de la FSGT date de 1953.
[12] 1982 : auto-construction du premier mur d’escalade en milieu scolaire à Corbeil-Essonnes par les militants FSGT et des professeurs.