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En hommage à Claude Fernand

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la disparition jeudi 11 octobre 2012 de notre camarade Claude suite à sa longue maladie.

Nous n’oublierons pas son investissement depuis plusieurs décennies dans les activités de montagne de la FSGT et particulièrement dans celui des rassemblements de glisse des Orres ou de multi-activités de Castet.

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Contribuer à poursuivre et faire vivre les initiatives populaires de sport de montagne dans lesquelles il militait, sera un des plus bel hommage que l’on pourra lui rendre.

Nous publions ici, son autoportrait paru dans le Sport et Plein Air N° 401 de aout/septembre 1995.

Autoportrait


Si mes pieds sont ici, mon cœur est en montagne,
Dans la vallée d’Ossau, à deux pas de l’Espagne,
Mais suis de nulle part et partout à la fois
Tant mon pays est beau et si troublant parfois.
Est-ce qu’un cheminot est quelqu’un d’un autre âge ?
Je ne sais mais je suis aussi « gens du voyage »
J’arpente les régions, je fais mille détours,
Apaisant mes passions, bien payé en retour.
Je niche à Villeneuve et aussi à Pantin,
En me choutant de sport, en faisant le pantin,
En allant de partout où il y a à faire,
Abusant de mon temps, négligeant mes affaires,
Me dispersant au point d’en perdre un peu la tête,
Voulant que chaque jour me soit un jour de fête.
Je vis seul, il est vrai, mais ne pas s’y méprendre
Si l’on peut croire que je suis un cœur à prendre.
J’aime ma liberté, de parole et du geste,
Mais ne m’accusez pas d’allures indigestes.
J’aime la compagnie, et les femmes toujours,
J’aime ce qui est beau et vis au jour le jour.
Je m’accommode assez du sort qui me poursuit,
Et pour en savoir plus, venez voir qui je suis.

Claude Fernand

Télécharger les pages du Sport et Plein Air N° 401 de aout/septembre 1995.

Petites pensées de Rémi, sur Claude et pour Tous :

Que dire de Claude, beaucoup de choses, mais on a jamais le temps de le dire. Comme il était aussi un grand poëte populaire qui n’aura certainement jamais la reconnaissance médiatique, voilà une petite prose en son honneur même s’il ne cherchait rien de tout cela :

S’il fallait que je choisisse un seul compagnon de cordée, du style "je suis dans une ile déserte" avec évidemment une montagne, ce serai lui. Mais bon tout est relatif, car s’il fallait que je choisisse UNE second de cordée, ce serait ma compagne bien sûr…

Mais en fait quand je parle de compagnon de cordée, c’est une chose très théorique, car les grandes ascensions de mes débuts de montagnard, je les ai faites en solo, avec lui !

Je l’ai accompagné deux fois au Pic du Midi d’Ossau, la première fois, je lui avais demandé d’emporter une corde "au cas où", juste pour le passage clé de la voie. Mais pourquoi emporter une corde qui ne servirait à rien ? Je n’avais pas vérifié son sac au départ, et je me suis rendu compte au sommet qu’il n’en avait pas pris, et nous n’en avions pas eu besoin, l’assurance était en nous et non à travers une corde.

Ce Pic, il l’a connu par coeur, car il totalise plus de 100 fois son ascension (136 fois je crois), il en a exploré tous les passages, globalement en solo (sans corde pour s’assurer en cas de chute), mais les divers passages de la face nord étaient ses préférés.

Je l’ai aussi accompagné plusieurs fois au sommet du Mont Aiguille en solo aussi, mais cette fois on emportait une corde, pas pour le "au cas où", juste parce qu’il fallait une corde pour redescendre du sommet par les rappels vertigineux. Et même en retraite, il était capable de faire la voie normale du Mont Aiguille en 45 min, 250 m en 45 min ! C’est quelque chose, non ? Bien sûr en solo, ça force le respect. Je l’ai suivie une fois en corde tendu avec un débutant montagnard, qui trouvait déjà que la corde tendue, c’était un peu dangeureux, on a mis 1h30 sans trainer toutefois ! Et non Claude n’était pas inconscient, il était bien préparé mentalement et physiquement.

Il m’a appris à faire de la montagne et à en comprendre les dangers, pour ne pas se mettre en danger mais sans toute fois rester dans les plaines. J’ai eu la chance de commencer l’escalade en falaise et non dans un gymnase, et c’est certainement pour ça que j’aime l’alpinisme car on doit faire des choix pour gérer les risques. C’est une chose qu’il est de plus en plus difficile de faire dans la vie courante tellement le monde n’accepte plus le risque et s’oriente vers le risque zéro, où la recherche systématique d’un responsable qui a commis une faute, ou simplement d’un inconscient, est de mise.

Je ne rencontrerai certainement plus un homme comme ça sur la route de ma vie, il était entier, un peu rustre dirait certains, et alors ? Il aura été un modèle pour moi, mais bon, j’espère ne pas avoir copié ses défauts. J’ai eu bien d’autres modèles qui fait que je ne suis pas un "Claude Bis", mais je suis fait d’un peu de cette rencontre qui m’a ouvert les yeux. Je me rends compte de plus en plus que c’est moi maintenant qui suis parfois un modèle pour certains, non que je suis parfait, mais la voie que j’emprunte, sert parfois de modèle à d’autres. Je pense que Claude lui a eu aussi des mentors dans sa jeunesse. Mais ceux là je ne les ai pas connu, tout au mieux je lis parfois leur écris quand je tombe dessus.

A propos d’écrits, il était un grand "joueur de mots", sa mémoire était rempli de jeux de mots divers et variés, parfois spirituels, parfois intellectuels et aussi parfois "graveleux" qui nous faisaient sourire ou même parfois éclater de rire. C’était aussi sa force, ne pas avoir peur de détourner la littérature de ses idées "bien pensantes". Alors n’hésitez pas à lire ses écrits s’ils tombent sous vos yeux.

Adieu Claude !

Mais à certains moments de ma vie tu sera encore à mes côtés, ou plutôt tu marchera devant moi pour me montrer la voie.

PS : Encore désolé Claude pour les fautes d’orthographes, je me suis relu, mais j’imagine qu’il y en a encore…


« Claude, Tu viens de déposer les armes et livrer ton dernier combat, Le plus dur, le plus long. Toi qui est né sous le gouvernement Blum, tu as ta vie durant défendu des idées de gauche, Tu as oeuvré dans le monde associatif Et fait partager tes idées, tes passions. De Paris à Castet en passant par les Orres, nous avons tous pu profiter de tes connaissances, de ta gentillesse, de ton dévouement. Entre escalade, ballades, parapente et glisse que d’expériences avons nous partagé avec toi. En nous quittant c’est un bout de toi qui s’en va dans chacun nous. » Nathalie