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Si Bleau m’était conté : |
Pierre Allain, précurseur de l’escalade à Bleau dans les années 1930, décédé il ya quelques années, inventeur des chaussons d’escalade et des premiers mousquetons , a écrit dans les années 80 un livre "alpinisme et compétition" dont voici un extrait de son dernier chapitre :
"Que serait l’alpiniste parisien sans Bleau ? sans les escalades dominicales sur les grès bellifontains ? bien diminué, sans doute. Ailleurs, on a un peu partout de belles falaises calcaires, aux dimensions impressionnantes : le dijonnais, les Calanques, Le Saussois, …mais nous, nous avons nos petits rochers à Franchart, la dame Jeanne, le Puiselet, Malesherbes, le Cuvier. Le Cuvier surtout, ce sanctuaire sacro-saint, le lieu même de l’escalade libre poussée au maximum des difficultés actuelles.
Ici les voies, très nombreuses, cinq cents peut-être pour le seul Cuvier dont un tiers réellement difficile, ne se chiffrent pas par dizaines ou centaines de mètres. nos cailloux à frotter les casseroles, comme les définissait autrefois certain guide chamoniard, n’ont que quelques mètres ? C’est ce qui nous plait et fait l’excellence de cette école d’escalade. pas besoin de développer des cordes, d’attendre lontemps son tour pour se mesurer à telle ou telle difficulté ; on va rapidement de l’une à l’autre. seule la fatigue nous arrête et nous oblige à ralentir le rythme.
Sur ces petits rochers très près du sol, nous pouvons nous permettre tout et, si j’ose dire, dépasser nos possibilités : les dévissages sont sans concéquences ; essayer au besoin vingt fois de suite tel départ ardu et connaître par là, avec exactitude, la limite d’adhérence de la roche avec le caoutchouc, percevoir des équilibres précis, se fier à des prises incroyablement petites et acquérir ainsi des qualités de grimpeur supérieures à ce que peut donner toute autre école d’escalade."
Victor Hugo ne grimpait pas mais il préférait le grès parmi toutes les roches :
Le grès de Fontainebleau traverse le temps et beaucoup en admirait les contours.
"le grès est la pierre la plus amusante et la plus étrangement pétrie qu’il y ait. Il est parmi les rochers ce que l’orme est parmi les arbres. Pas d’apparence qu’il ne prenne, pas de caprice qu’il n’ait, pas de rêve qu’il ne réalise ; il a toutes les figures, il fait toutes les grimaces. Il semble animé d’une âme multiple. pardonnez-moi ce mot à propos de cette chose.
Dans le grand drame du paysage, le grès joue le rôle fantasque ; quelquefois grand et sévère, quelquefois bouffon ; il se penche comme un lutteur, se pelotonne comme un clown ; il est éponge, pudding, tente, cabane, souche d’arbre ; il ,apparait dans un champ parmi l’herbe à fleur du sol par petites bosses fauves et floconneuses et il imite un troupeau de moutons endormis ; il a des visages qui rient, des yeux qui regardent, des mâchoires qui semblent mordre et brouter la fougère ; il saisit les broussailles comme un poing de géant qui sort de terre brusquement. "
Hubleau :
Grimper…un jeu d’enfant
Si l’on admet de prendre comme postulat qu’un enfant grimpe avant de marcher, alors l’escalade est un jeu d’enfants. L’idée préconçue selon laquelle escalade et danger sont intimement liés a fait long feu. Au cours des trois dernières décennies, l’activité escalade s’est développée en ville, s’est organisée par l’intermédiaire d’associations et sa popularité chez les enfants et ados est réelle. Les valeurs de liberté, de libre choix, d’autogestion du risque et de retour à la nature sont particulièrement populaire aujourd’hui. Et Fontainebleau n’as pas échappé à la règle. C’est pourquoi les circuits blancs pour enfants sont aujourd’hui nombreux. A la base de cette idée de circuit, une volonté notamment défendue par la FSGT qui en a fait son cheval de bataille : favoriser la pratique du plus grand nombre en toute sécurité. Peut-être davantage que les autres circuits de la forêt, les parcours blancs enfants sont méthodiquement pensés, le plus souvent par des pédagogues avertis. En effet, le principal ecueil de l’activité est l’éloignement des prises que la nature a disposé de manière évidemment aléatoire. passer au niveau supérieur, le jauneorange, voire bleu selon la chronologie des couleurs, peut s’avérer problèmatique, justement parce que lors du traçage de ces circuits, personne n’a pensé que des enfants pourraient se piquer au jeu du bloc. sans doute leur faudra t-il un peu de patience, le temps de grandir, pour profiter pleinement des joies de l’escalade à Fontainebleau.
extrait du guide arthaud
Cependant,nos initiatives ponctuelles pour faire grimper les enfants en groupe dans la forêt sont particulièrement réussis lorsque l’on voit l’émulation entre-eux sur un circuit blanc adapté. Quand allons nous tracer des circuits enfants plus difficiles ou bien simplement des variantes plus exigentes pour les 10 à 12 ans afin déjà de développer chez eux des équilibres aléatoires et permettre ainsi une relève assurée de nos septogradistes vieillissants ?